Emmanuel Guibert couronné par le Grand prix de la critique
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[chap]Les journalistes de bande dessinée réunis au sein de l’ACBD ont fait leur choix. Le Grand prix de la critique est attribué cette année à Emmanuel Guibert pour L’Enfance d’Alan. [/chap]
[let]E[/let]mmanuel Guibert s’affirme comme un auteur qui compte dans la bande dessinée contemporaine. L’ACBD (Association des critiques et journalistes de bande dessinée) vient de lui décerner son Grand prix de la critique pour L’Enfance d’Alan, publiée aux éditions de L’Association. Cet album, plein de sensibilité, est né de la rencontre un jour sur l’île de Ré de l’auteur avec Alan Imgram Cope, un ancien GI qui avait participé à la Seconde guerre mondiale et n’était jamais rentré au pays. Né en Californie en 1925, le vieil homme est décédé en 1999. Mais Emmanuel Guibert avait eu le temps de l’enregistrer. Prenant sa plume et ses encres, le dessinateur nous avait déjà livré entre 2000 et 2008 les trois tomes de La Guerre d’Alan, unanimement salué par la critique. Dans L’Enfance d’Alan, il poursuit le dialogue posthume entamé avec celui qui était devenu son ami. Porté par une mise en scène subtile et inventive que transcende des dessins au trait épuré, le récit nous parle d’une Amérique aujourd’hui disparue. Avec ce nouvel opus, Emmanuel Guibert nous prouve, s’il en était encore besoin, qu’il est passé maître dans l’art de l’autobiographie assistée en bande dessinée. Mais surtout il nous montre une fois de plus qu’il fonctionne à l’empathie et à l’amour du prochain.
Né en 1964 à Paris, Emmanuel Guibert s’est imposé dans la bande dessinée depuis la fin des années 1990. Des albums comme La Fille du professeur (avec Joann Sfar), Le Capitaine écarlate (avec David B.) ou encore Les Olives noires (également avec Joann Sfar) lui ont valu plus qu’un succès d’estime. Mais c’est avec Le Photographe, qui racontait l’équipée d’une mission médicale humanitaire en Afghanistan dans un savant mélange de photos et de dessins fondé sur les souvenirs du reporter-photographe Didier Lefèvre, qu’il accède à la notoriété en 2003. Auteur aussi de séries remarquées pour enfants comme Ariol et Sardine de l’Espace, Emmanuel Guibert a été lauréat en 2007 de la Villa Kujoyama, dont il a tiré l’album Japonais. En 2009, le festival de Blois lui a attribué son Grand Boum.
Le Grand prix de la critique a été décerné à Emmanuel Guibert à l’issue de trois tours de vote parmi les 78 journalistes et critiques adhérents de l’ACBD qui choisissent parmi la production de l’année. Pour la présente édition, pas moins de 4 062 nouveautés étaient en compétition. Le but du Grand prix de la critique est de « soutenir et mettre en valeur, dans un esprit de découverte, un livre de bande dessinée, publié en langue française, à forte exigence narrative et graphique, marquant par sa puissance, son originalité, la nouveauté de son propos ou des moyens que l’auteur y déploie ». Lors du tour de vote final, L’Enfance d’Alan s’est imposée face à quatre autres titres:
-> Un printemps à Tchernobyl d’Emmanuel Lepage (Futuropolis)
-> David, les femmes et la mort de Judith Vanistendael (Le Lombard)
-> Saison Brune de Philippe Squarzini (Delcourt)
-> En silence d’Audrey Spiry (KSTER/Casterman)