Le carnaval de Benoît Preteseille
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[chap]Des conventions de la subversion et du scandale. Mardi Gras, le nouvel album de Benoît Preteseille se lit comme un pamphlet contre les normes de la transgression. Après Maudit Victor et L’Art et le Sang, l’auteur récidive dans un ouvrage surréaliste au scénario impeccable où il bouscule le désordre ordonné par les conventions sociales et artistiques en renouant par là même avec l’essence du carnaval.[/chap]
Non, les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux. Mardi gras, ses crêpes, ses flonflons et ses cotillons marquent la fin du carnaval avant l’entrée en Carême avec le Mercredi des cendres. Liées aux traditions chrétiennes, les fêtes du carnaval qui représentaient le bouleversement de l’ordre naturel et social ont été codifiées par l’Eglise pour encadrer les débordements. Brouillant les pistes, Benoît Preteseille met en scène un artiste dont les clients ne sont autres que les membres de la secte du grand chêne d’or, qui mènent une bataille pour la défense des valeurs druidiques, celles de la nature contre celles de la civilisation et du progrès technique. Mais cet artiste agit seul et rêve de se transformer en homme-papillon. Il compose un char fait de tout ce que la société rejette, des monstres, des moutons à cinq pattes, tous ceux qui n’ont pas leur place, même un jour de carnaval. Une envolée poétique qui déroule une véritable métaphore autour du beau et de l’acceptable. Des fous, des infirmes, des erreurs de la nature, tous dansent et incarnent la vie. Un dessin sans case, une narration soutenue par les codes du roman-feuilleton où se mêlent aussi bien l’univers de la Belle époque que les cabinets de curiosités et les monstres de Frankenstein. Comme dans L’Art et le Sang ou Maudit Victor, en revisitant les normes du désordre, Benoît Preteseille redonne le sens du chaos et chante l’esprit retrouvé du carnaval.
Et de reprendre avec lui :
“Je suis l’ombre qui passe, je suis l’homme à la fenêtre, je suis la tâche dans le miroir, tout le monde me connaît, je suis l’éclair du vif argent, insaississable et lumineux, tout le monde me connaît.”