Philippe Katerine tranché comme un ananas
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Poétique et Politique, deux mots qui se ressemblent. Abstentionniste revendiqué, le chanteur Philippe Katerine trouve dans ses hallucinations nocturnes, la voie de son expression citoyenne et dessinée. De la banane aux ananas, en chanson et en image, Katerine donne dans la salade de fruit exotique et impertinente.
“Comme un ananas, j’ai passé ma vie à moitié en tranche, à moitié entier”, en clin d’œil à la chanson de julien Baer, le chanteur expose ses dessins à la Galerie des Galeries aux Galeries Lafayette de Paris. Un ouvrage édité par Denoël graphique recueille l’ensemble de ces oeuvres. Le dessin dévoile un peu plus sur cet artiste protéiforme, miroitant un monde d’expression et de talent où s’affirme toujours son iconoclasme assumé. Sa verve et son goût pour la provocation imprègnent son univers qui puise dans l’absurde pour dresser une critique acerbe et parfois cruelle de la vie politique française. Une poésie de l’absence, qui permet de faire disparaître les personnalités du gouvernement. Un gommage qui rend manifeste leur incompétence et leur inefficacité. Dans une série de diptyques, Rachida Dati, François Fillon, Jean-François Copé, tous sont remplacés par des objets, leur vacuité n’en est que plus flagrante. Une sculpture rassemble ces objets dans une composition pop et pleine d’humour.
Défile sur des post-it la bande dessinée de ce drôle d’Ananas qui nous sert ensuite une série en tranches de dessins dressant le portrait du très bourgeois 16ème arrondissement de Paris. Le déménagement a sans aucun doute traumatisé le chanteur qui a atterri dans ce quartier nanti de la Capitale après avoir quitté son appartement de la rue Ravignan dans le 18ème où il se plaisait à rappeler que naguère y vivait le poète Max Jacob.
Comble ultime, c’est avec un malin plaisir que cette exposition est venue se nicher au coeur du célèbrissime grand magasin du boulevard Haussmann érigeant une chapelle peu orthodoxe dans ce temple de la consommation. Une exposition originale où Philippe Katerine révèle son art du dessin, un art de l’absence et de l’absurde, avec une sensibilité à la Prévert et un sens de la provocation subtile.
Lutin Volant
Crédits photos, © Philippe Katerine, Courtesy de l’ artiste
- Comme un ananas, Philippe Katerine Edition Denoël Graphic, 112 pages, 18 euros.
- Jusqu’au 2 juin, Exposition à La Galerie des Galeries, 40 Bd Haussmann. 75009 Paris, ouvert du mardi au samedi de 11h à 19h – Entrée libre.
http://www.galeriedesgaleries.com