Au gré du vent
“Etre poète, c’est vivre libre et dans la beauté.” Jirô Taniguchi propose un nouveau recueil de promenades contemplatives et poétiques dans le Japon de la fin XVIIIe siècle, à l’époque où Tokyo s’appelait encore Edo. Ce nouveau manga rappelle Promeneur solitaire et L’homme qui marche. Furari, “au gré du vent” suit ici les pérégrinations d’un cartographe et géomètre. Un hommage sans doute à un personnage historique, Ino Tadataka célèbre au XIXe siècle pour avoir réalisé la première carte du Japon qui n’est pourtant jamais nommé. Au rythme du décompte de ses pas, le cartographe arpente la ville. “Lentement, sûrement, toujours à sa manière”, laissant vite son regard divaguer sur la beauté de la nature, son âme incarner des animaux ou des insectes. Ses pensées sont emportées par la neige, la pluie, les astres ou quelques légendes. En tout quinze déambulations rêveuses et vagabondes sur les chemins de la sagesse en compagnie d’un quinquagénaire qui “cherche sa propre expression” et qui “comme un combattant avance en rompant sur le champ de bataille, continuera à dire ses poèmes”. Attentif au moindre détail du monde, le dessin accompagne ces méditations graphiques pour le plaisir des yeux.
Lucie Servin
Furari, Jirô Taniguchi, Casterman, 202 pages, 16 euros
ISBN-13: 978-2203048911
->Retrouvez ce coup de coeur dans le n°4 de BDSphère publié le 16 février 2012.