Les explorations hallucinées de Charles Burns
Toujours plus profond, Charles Burns creuse dans les dédales d’un labyrinthe cauchemardesque qui décrit le cerveau torturé de son héros dépressif, prisonnier de ses rêves et de ses angoisses. Dans La Ruche, deuxième volume d’une trilogie initiée en 2010 avec Toxic, l’auteur de Black Hole s’essaye à la couleur dans un trait précis et une texture punk très seventies.
[let]O[/let]n suit les dédoublements de personnalité, les visions hallucinées et toxiques de Doug alias Nit-nit, dont l’alter ego au masque « tintinoïde » déambule dans les méandres d’un monde fantastique et monstrueux. Une quête construite dans les cut-up d’une narration qui s’inspire ouvertement du Festin nu de William Burroughs jouant entre les délires du rêve et de l’état de transe au sein d’un univers hybride aux frontières de la réalité, du fantasme et du souvenir. Doug, un héros à la dérive, aspiré par les gouffres graphiques d’un auteur qui s’amuse à cultiver le mystère. Cette deuxième dose injectée ne calmera pas les lecteurs pris au piège et ne rendra que plus grande l’attente du dénouement. Une trilogie captivante qui bouscule avec virtuosité les cadres classiques de la BD par un maître du genre.
Lucie Servin
->Retrouvez ce coup de coeur dans le n°38 de BDSphère publié le 8 novembre 2012.
La Ruche, Charles Burns, Cornelius, 56 pages, 21,50 euros
ISBN-13: 978-2360810464