Bienvenue dans l’atelier du Schmoll
A 26 ans, si Schmoll reste un jeune dessinateur, il s’inscrit déjà en vétéran de la blogosphère, puisque son blog,l’atelier du Schmoll fêtera bientôt ses 6 ans. Visite guidée dans cet atelier 2.0, la porte d’entrée d’un univers en construction.
Le Schmoll est alsacien, de son vrai nom Antoine Schmoll, il vit et travaille à Strasbourg. Très jeune, il se passionne pour la bande dessinée en découvrant la série Donjon de Lewis Trondheim et Joann Sfar qui éclate les frontières classiques du neuvième art et révèle de nouvelles possibilités. Très vite, il enchaine sur les Donjon Parade et Manu Larcenet. “Manu Larcenet est pour moi un modèle de remise en cause permanente autant graphique que littéraire”. Un exemple pour ce dessinateur dont la plus grande angoisse consiste à s’enfermer dans une case. Un tempérament à l’image de son atelier qui apparaît au premier abord comme un véritable chantier où l’on découvre pêle-mêle illustrations, projets, autant d’histoires ou de dessins développés dans des styles très différents.
“Au départ, d’une manière assez prétentieuse, je prétendais être un artiste et c’est pour cette raison que lorsque j’ai ouvert mon blog, je l’ai intitulé pompeusement atelier.” Après avoir passé un bac littéraire, Antoine entame des études d’art plastique. Au bout de deux ans, le jeune homme choisit de prendre une année sabbatique pour faire le point et ouvreson blog, inspiré par les autres blogs BD qui commençaient à jalonner la toile. Il publie ses essais et illustrations mais s’engage très vite avec l’ambition de créer un véritable blog BD, voyant dans l’obligation de produire quotidiennement un excellent moteur à ses projets. “Alors que je restais très attaché au papier, j’ai découvert très vite les avantages du médium, le blog permettant une interaction avec les lecteurs ou d’autres dessinateurs, des possibilités inédites de déroulement ou de retour en arrière.” explique-t-il.
Un blog-atelier, laboratoire d’expériences
Comme beaucoup, Antoine crée un avatar à son image, s’inspirant de sujets autobiographiques pour fabriquer des saynètes de la vie quotidienne mais prend toujours de la distance en utilisant une troisième personne qui se propose surtout en archétype ordinaire plutôt qu’en reflet personnel. “Je m’inspire de ma vie et de celle de mes proches mais ce n’est jamais d’une manière directe, j’aime surtout caricaturer les personnalités et non les êtres”. Dans un trait qui emprunte autant au manga qu’à Tintin, sa première histoire le Vernaculaire fantasmé révèle ses instincts de poète et son goût du bon mot.
Antoine s’amuse de toutes ses influences multiples, aussi bien lecteur de littérature classique que gros consommateur de science fiction ou de fantaisy. Il avoue être un fan de la première heure de la saga Trone de fer mais également admirateur de l’écrivainMurakami ou de La part de l’autre d’Éric-Emmanuel Schmitt. Il forge ainsi son goût pour la narration et développe un style qui se cherche du côté de l’expérimentation graphique aussi bien que littéraire. L’atelier porte bien son nom, très inspiré par l’esthète et philosophe Yves Michaux, dans l’Art à l’état gazeux, Antoine interroge à son tour la bande dessinée et l’expérience artistique au service des concepts et de la finalité dans l’art du dessin.
Les Pokachus et le jeu video
Embauché depuis quatre ans comme chef de projet artistique chez Almédia, un studio de développement et de création de “serious game” (des jeux destinés à l’apprentissage ludique), le Schmoll se spécialise dans la conception de jeux vidéos et acquiert de nouvelles compétences dans le domaine de l’animation et du dessin vectoriel. C’est à peu près au même moment qu’il invente les Pokachus, petits cousins des Pokémons dont la principale occupation consiste à jouer à la console avec un jeu qui s’apparente au Sims mais qui s’appelle “les humains”. Une parodie et une mise en abîme divertissante qui consacre la popularité du blog. ”Aujourd’hui, j’ai l’impression d’avoir fait un peu le tour des pokachus, commente Antoine, même si j’aimerais bien les adapter sur papier, je me consacre à d’autres scénarios en m’intéressant à de nouveaux personnages”.
Un artiste à suivre
Accaparé par son travail, Antoine a du mal à mener tous les projets de front, d’autant que le studio strasbourgeois pour lequel il travaille, se développe en proposant de nouveaux jeux vidéo sur mesure. Le dessinateur ne perd pourtant pas de vue la bande dessinée, n’étant lui-même qu’un joueur occasionnel et retrouvant dans l’intimité de son blog-atelier une liberté qu’il n’abandonnerait pour rien au monde. Il affirme : “Au boulot, je passe mon temps à dessiner des bouts de corps humain et le dessin vectoriel oblige une grande précision du trait. J’éprouve ensuite beaucoup de plaisir chez moi à détruire la neteté de ces contours avec l’encre de chine.”
Le Schmoll a déjà fait partie des 30 sélectionnés pour les révélations blogs du festival d’Angoulême en 2011. Ce coup de projecteur lui a permis de participer au site de30joursdeBD et de voir son blog répertorié sur la plateforme BlogsBD.fr. Il a en outre participé au projet 13 m 28 parrainé par Raphael B, pour Manolosantis. Parmi la centaine de participants, seuls une vingtaine d’entre eux ont été retenus.
En membre actif de la blogosphère, Schmoll est aussi un grand lecteur de blogs comme ceux de Boulet, Pochep, Saki, Luchie, Gary Mael, Rore, Le Burp, Thibaut Rassa et tant d’autres. Inscrit sur facebook, le réseau social a permis de renforcer les interactions et Antoine y voit une sorte de grande taverne pour lui et ses amis blogueurs. Il reste toutefois difficile de faire le tour de son atelier où il balance tout azimut tout ce qui lui passe par la tête. Un petit tour suffit pour se convaincre du potentiel de ce jeune artiste prometteur.
Lucie Servin
Visitez l’atelier du Schmoll et retrouvez-le sur facebook