Une rupture avec Lady Héroïne
Le Château des Ruisseaux, à côté de Soissons dans l’Aisne est un centre pour toxicomanes en fin de sevrage. Jean s’y rend pour suivre une thérapie de groupe dans le but de se libérer définitivement de la drogue. Pour décrocher, la guérison n’est pas acquise. Ici on soigne par les mots et seulement par les mots. Le parcours est difficile et loin d’être évident, seul 15 % des patients ne rechutent pas. Dans ce docu-ficton, Vincent Bernière raconte une expérience vécue, son cheminement pour rompre avec son amante mortifère l’héroïne. Malgré la lettre de rupture, il n’y a aucune garantie de séparation définitive. Frederic Poincelet accompagne la narration saisissante. Le dessinateur se libère des cases choisissant un dessin resserré sur les personnes livrant un portrait collectif subtil de cette communauté disparate de la souffrance et du manque. Délicatesse et sobriété d’une introspection au graphisme et aux couleurs évanescents qui intériorise la thérapie du centre jusqu’à ouvrir le dessin dans les dernières cases, à la nature, à l’écureuil, à l’espoir de voir ailleurs et de vivre différemment.
Lucie Servin
Le Château des ruisseaux, Vincent Bernière et Frederic Poincelet, Dupuis, Aire libre, 76 pages, 15, 50 euros
ISBN-13: 978-2800146676
->Coup de coeur publié dans le n°6 de BDSphère publié le 1er mars 2012