Vanoli ou l’art de la fable
Montpellier 1348. A l’image des aventures de Saint Roch, saint patron des pestiférés et des chiens, Rocco quitte son oncle et sa tante, alors que la peste noire approche de la ville. Les contes fleurissent sur son passage. En chemin, léché par les ombres, Rocco rencontre et raconte. Vincent Vanoli avait déjà transposé le Décaméron de Boccace et mis en scène ces jeunes nobles de Florence qui se divertissent d’histoires pour vaincre l’ennui d’avoir dû fuir la peste à la campagne. Avec humour, Rocco et la toison réinvente sur le même thème une fable à tiroirs qui retrace l’initiation d’un trouvère martyr, chahuté par le destin, sauvé par un chien. Le récit en noir et blanc séduit dans l’esprit des fresques italiennes et des perspectives médiévales, aux détours d’une route dessinée qui conduit au fil des pages, à jouer le jeu des enchâssements les plus loufoques. La construction libre et sans case matérialise les ellipses et les ficelles de l’intrigue. Elle emprunte les méandres d’un voyage métaphorique sur la condition de conteur entre raccourcis du christianisme et références aux mythes. Au théâtre ambulant, le lecteur embringué par la virtuosité des images a accès aux coulisses.
Lucie Servin
Rocco et la toison, Vincent Vanoli, L’Association, 80 pages, 18 euros, 22 x 29 cm